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Noël au Manoir, anniversaire au plumard...

By: antedaemonia
folder Harry Potter › Slash - Male/Male › Harry/Draco
Rating: Adult +
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Disclaimer: I do not own Harry Potter, nor any of the characters from the books or movies. I do not make any money from the writing of this story.
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Rumeurs

Well, I'm quite happy to see that even if my fic is in french, a few people try to read it. thrnbrooke, you're the one who surprise me the most : a review on each chapter that I put on this site ? That's really sweet. Hey, everyone, take example on thrnbrooke !!

Chapitre quatre : rumeurs

A l’aube, Harry s’est réveillé avec l’impression diffuse de s’être pris un cognard en pleine figure. La douleur qui lui vrille la mâchoire s’élance jusqu’au sommet de son crâne, et il a la sensation que sa lèvre a doublée de volume.

Mettant un pied hors de son antre, Harry repousse les lourds rideaux qui ferment son lit et se décide enfin à aller se voir dans un miroir. Le cri de Seamus le cloue sur place.

« Harry ! Ta lèvre a triplée de volume ! Tu t’es battu avec un troll ou quoi ? »

A voir sa tête, puis celles de Ron, Dean et Neville, Harry comprend qu’il a sous estimé la situation. Conclusion, un Malfoy en colère en vaut dix…

« Qu’est ce qui s’est passé, Harry ? On dirait que tu t’es battu. Tu… tu ne serais quand même pas sorti seul cette nuit ? » lui demande Ron, d’une voix anxieuse et suspicieuse. Il serait furieux que Harry ait risqué quelque chose sans être là. Et puis Hermione lui en voudrait d’avoir été un mauvais chaperon, à coup sûr… En effet la jeune fille est devenue extrêmement protectrice envers Harry ces dernières années. Elle considère que c’est son devoir, voir même son sacerdoce, de veiller sur le garçon comme une mère.

Harry essaie de rire. Il ne sait pas si c’est convaincant, mais comme il est hors de question de parler de Malfoy…

« J’ai voulu boire cette nuit, et je me suis pris les pieds dans le tapis. »

Dean et Seamus éclatent de rire, tandis que Ron fronce les sourcils.

« Tu t’es explosé la lèvre en tombant sur le tapis ? » lui demande son meilleur ami d’un air dubitatif. Hum, vu comme ça, c’est vrai que ça ne fait pas très réaliste…

« Je me doutais que c’était toi », intervient alors Neville, qui est penché sous son lit à la recherche de sa seconde chaussette. « Quel boucan tu as fait ! Je t’ai même entendu jurer », continue le garçon en se retournant vers Harry, un large sourire sur le visage. « Et quelle imagination tu as ! J’ai appris pleins de nouveaux mots. »

Cette fois, tous les garçons explosent de rire, y compris Harry, dont la lèvre douloureuse lui déconseille pourtant vivement cette activité.

C’est pourtant vrai, je me suis cogné cette nuit, quand j’ai voulu prendre mes lunettes, et je suis tombé au sol !

Neville lui a sauvé la peau sur ce coup là. Il est tellement incapable de mentir que personne ne remet sa parole en cause.

« Vraiment Harry, tu exagères », lui lance Seamus lorsqu’ils quittent tous les cinq le dortoir. « On sait que toutes les filles sont folles de ta cicatrice, mais c’est pas la peine de t’en faire d’autres. Tu n’auras pas plus de succès ».

« Ou alors apprends à draguer », rajoute Dean.

« La sœur de Ron pourrait t’apprendre… » continue l’Irlandais.

« Laisse Ginny où elle est », le coupe Ron. Ginny ne fait définitivement pas partie des sujets de rigolade.

« Bon, alors Hermione peut être, » glisse Dean.

« Laisse Hermione où elle est aussi ! » rugit Ron en se plantant devant Dean, qui éclate de rire devant l’air renfrogné de son ami. « Il n’y a quand même pas que deux filles à Poudlard, non ? » grogne le rouquin.

Non, pense Harry. Il n’y a même pas que des filles…

A l’approche de la Grande Salle, Harry sent son estomac se contracter. Il n’écoute plus vraiment la conversation autour de lui. Malfoy et ses sbires sont toujours dans les premiers arrivés, et à l’idée de croiser le regard d’acier du Serpentard, Harry sent des sueurs froides qui envahissent son dos. Affronter Voldemort en combat singulier, avec la certitude qu’un seul d’entre eux survivra à la confrontation, lui parait une perspective moins effrayante que de pénétrer dans cette pièce et d’accepter la conséquence de ses actes de la veille.

Je l’ai touché. Je l’ai embrassé. Lui, Malfoy ! Je dois non seulement admettre que j’ai aimé embrasser un garçon, mais en plus, il a fallu que ce soit Lui !

Lorsqu’il passe les portes monumentales, ses yeux vagabondent rapidement du côté opposé aux tables des Gryffondor, vers la longue rangée d’uniformes vert et argent.

Il est là.

Assis en face de Crabbe et Goyle, comme toujours. Il faut dire qu’il y a un véritable agencement chez les Serpentard, et les places autour de la grande table de bois sont distribuées en fonction de critères qui restent obscurs au reste de l’école, mais que chaque étudiant de la Maison de Salazar respecte scrupuleusement. On est bien loin du joyeux bazar qui préside à la table des Gryffondor, ou des Poufsouffles, où chacun s’assoit là où il trouve de la place…

Malfoy est pâle, remarque Harry, et ses yeux sont cernés. Mais comme d’habitude, il se comporte comme un seigneur, comme si les lieux lui appartenaient. Chacun de ses gestes pleins de suffisance exprime le mépris dans lequel il tient les autres.

C’est toi qui mériterais des coups de poing, Malfoy. Tu te crois vraiment supérieur aux autres ? Tu penses vraiment que je t’ai sali avec ma bouche ?

Harry s’assied. Même les hurlements de Hermione découvrant sa lèvre fendue et boursouflée, ne le distraient pas de son observation discrète de l’autre adolescent. Harry sent sa gêne faire place peu à peu à la colère. Parce qu’il voudrait être indifférent mais n’arrive pas à l’être. Parce qu’il est blessé d’avoir été rejeté. Parce qu’il ne comprend pas ce qui lui arrive… Et tandis qu’il se sert mécaniquement un peu de thé et avale quelques pancakes, ses yeux toujours reviennent à son ennemi.

Le garçon blond, dont les cheveux sont impeccablement plaqués en arrière, et qui offre au monde le spectacle de sa splendide arrogance, se pavane au milieu de sa Cour, comme d’habitude. Malfoy, en quelques années, est devenu le centre incontesté de toute la Maison Serpentard. C’est lui qui donne à chacun son rang dans la hiérarchie « serpentesque ». A ce titre, il est toujours assis au même endroit, le dos tourné à la cheminée, très exactement au milieu de la grande tablée. Les sixième années et les septième années l’entourent de toute part, tandis que les première années sont relégués en bout de table. Il y a un côté rigide dans toute cette organisation, mais Ron lui a dit un jour en confidence que les étudiants de cette maison reproduisent exactement les manières des Sangs Purs de haute lignée… ceux qui ont de l’argent bien sûr. Les autres, qui comme les Weasley ont peu de moyen, ont été mis au ban de cette société depuis des siècles.

Ron, d’ailleurs, finit par le tirer de son silence.

« Regarde moi ça », dit-il, « c’est vraiment écœurant. C’est qu’ils ne se cachent même plus ! » Il grimace et fait semblant de recracher son muffin à la groseille.

Harry suit le regard de son ami jusqu’à la table des Serpentard. Si Malfoy lui fait face, sans lui accorder un regard pourtant, Crabbe et Goyle en revanche n’offrent que leur dos à sa vue.

Ce qui est préférable pour mes yeux délicats…

Le problème, c’est que sous la table, VincentCrabbe a glissé sa main sur la cuisse de Théodore Nott, qui est assis à sa droite. Ces caresses ne laissent vraiment pas de doute. Les rumeurs qui courent depuis quelques semaines sont donc vraies.

Harry accuse le coup. Ce qui l’ennuie, ce n’est pas tant d’imaginerCrabbe couché sur Nott dans les draps verts des Serpentard, leurs mains qui se perdent ou leurs langues qui se découvrent. C’est surtout la réaction de Ron. Son ami Ron. Son frère même s’il devait en avoir un. A qui il pourrait tout confier… sauf qu’il a embrassé Draco Malfoy.

« Vraiment c’est à vomir », continue Ron Weasley, sans prendre garde au silence de Harry. « Tu imagines, ces deux mecs qui s’embrassent sur la bouche, quelle horreur ! »

Les jeux sont faits. Le jugement Weasley fera donc jurisprudence. Il n’est même pas la peine d’envisager de parler de la nuit dernière.

C’est ce moment que choisit Draco Malfoy pour se lever de table. Autour de lui, plusieurs de ses compagnons s’essuient rapidement la bouche pour le suivre servilement. Levant la tête, il croise le regard surpris de Harry, et aperçoit pour la première fois le résultat de son coup de poing. Un rictus sadique déforme ses traits, tandis que ses yeux exultent.

Il n’a définitivement pas apprécié, note Harry avec regret.


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Deux semaines de torture. C’est comme cela que Harry peut résumer au mieux les deux semaines qui viennent de s’écouler depuis le sauvetage de Malfoy. Les Serpentard dans leur ensemble se sont ligués pour faire de sa vie un enfer, une longue litanie de souffrance et d’humiliation, ce qui en soit n’est pas étonnant. Ils se sont en revanche surpassés en originalité.
Bon, pour être honnête, ce n’est pas vraiment ça qui torture Harry.

Ce sont ses rêves.

Jamais il n’a aussi mal dormi. Pourtant, les nuits agitées sont monnaie courante chez lui. Il a du mal à se souvenir de deux nuits d’affilée où il aurait bien dormi.

Mais tous les soirs, il se couche avec l’angoisse de parler dans son sommeil. Il partage son dortoir avec Ron, Neville, Dean et Seamus. Et chacun de quatre garçons est précieux à ses yeux : ce sont ses amis, et l’idée de les perdre, de voir du dégoût dans leurs yeux… S’il prononçait certains mots… certains noms…

Il se réveille très souvent, au beau milieu de la nuit, haletant et excité, à cause de ces visions profondément érotiques. Cette silhouette pâle et élancée, ces cheveux blonds et soyeux. Ces mains fines aux doigts agiles dont il peut encore sentir la caresse, même après son réveil. Harry soupire. Sa chair se lamente devant l’absence de Malfoy…

Malfoy.

Maintenant, Harry est habitué à l’idée. Il sait qu’il le désire, et il a reconnu à son désir un droit de cité permanent dans son crâne… et dans son cœur. Il ne se passe pas une nuit sans que le souvenir de Malfoy ne soit convié aux orgies nocturnes de Harry. Mais attention, pas le Malfoy sinistre et froid que Harry connaît et côtoie chaque jour, ça non !

Non, merci. Je ne suis pas masochiste ! Je n’aime pas souffrir. Et supporter ce bâtard prétentieux est au dessus de mes forces…

Ce que veut Harry, c’est un Malfoy tendre et aimant, qui saurait l’arracher à la détresse qui le ronge, qui refermerait autour de lui ses bras pleins de force, qui saurait lire dans ses yeux ses attentes et le comblerait par des caresses d’une infinie sensualité…

Harry rit silencieusement, mais tristement. Si un mec pareil existe, il est peu probable qu’il porte le doux nom de Malfoy. Et puis aussi dur que cela soit à admettre, il faut bien avouer qu’un gars parfait l’ennuierait très vite. Il n’est vraiment pas attiré par la gentillesse mièvre d’un poufsouffle, ou par l’intelligence méthodique d’un Serdaigle. L’esprit rusé et malin du serpentard blond lui correspond d’avantage. Il se sent intellectuellement stimulé par le challenge que représente Malfoy. Et puis vraiment, ce type est si… mmh…

J’ai un peu avancé, au moins j’arrive à admettre que c’est un… mec dont j’ai besoin.

Le problème, bien sûr, c’est qu’il ne se voit en parler avec personne. Ron passe son temps à vouloir le caser… mais avec des filles. Et de préférence des filles de Gryffondor. Il a l’air de penser…

Pauvre Ron, si tu savais…

…que c’est ce qui conviendrait le mieux à son très difficile et très complexe ami.

Et j’ai beau essayer de trouver des points de convergence, je ne vois pas grand chose de commun entre une fille de Gryffondor et un garçon de Serpentard…

Hermione non plus n’a rien remarqué, pense Harry.

Non pas qu’il y ait quelque chose de spécial à remarquer, je me comporte comme d’habitude, après tout.

Mais de toutes façons, le sens aigue de l’observation dont dispose sa meilleure amie est actuellement orienté vers son activité favorite, à savoir vérifier que personne dans l’école n’est meilleur qu’elle. Personne ne lui conteste son statut d’excellente élève, et de sorcière particulièrement douée, mais visiblement, cela ne suffit pas à la jeune fille ambitieuse. En Métamorphose, elle est indubitablement la plus compétente de toute l’école, et McGonnagall ne tarit pas d’éloges sur elle. Enchantements et Histoire de la magie sont aussi ses domaines réservés, même si Malfoy - Oooh, encore lui -, lui dispute souvent les meilleures notes. En revanche et à son grand désespoir, en Potions, elle se trouve définitivement reléguée loin derrière Malfoy – décidemment, Malfoy… - et plusieurs élèves de septième année de Serdaigle. En Botanique, c’est ce bon vieux Neville le meilleur, eh oui ! Et Harry est pour sa part le champion du cours de Défense Contre les Forces du Mal.

L’esprit de compétition de Hermione l’a donc poussé à investir toutes ses forces et son temps libre à devenir la meilleure de chaque discipline… sauf sans doute en Divination, remarque Harry en souriant mentalement. Même Ron aurait bien aimé que sa chère Hermione pense un peu à autre chose… s’ouvre à d’autres horizons…

Enfin il y aurait pu avoir Sirius. S’il avait été encore là, est ce que Harry n’aurait pas pu se confier, lui parler franchement, rechercher aide et conseil à ses côtés ?

Sirius… Toute joie a quitté Harry. A l’aube, il s’endort en serrant tristement son oreiller, l’esprit plus désemparé que jamais.

Lorsqu’il se réveille une nouvelle fois, il est dix heures passées, et la journée, fraîche et ensoleillée, a mis de très bonne humeur tout le dortoir. Dean et Seamus se sont ligués contre Ron dans une invraisemblable partie de bataille de chaussettes sales, tandis que Neville distribue les « munitions » aux odeurs pestilentielles qu’il récupère partout dans la chambre au péril de sa vie. Les cris et les rires font bien vite basculer Harry dans la bonne humeur, et il se joint à Ron pour vaincre triomphalement l’équipe adverse.

« Tiens bon, mon pote, j’accours à ta rescousse ! » hurle Harry en sautant de son lit pour se réfugier derrière la malle de Ron, où son ami se protège des projectiles nauséabonds.

« Aha ! Ces chacals n’ont qu’à bien se tenir ! Le Survivant est avec moi, maintenant ! » jubile le roux.

« Neville, à l’aide ! Viens nous aider contre Celui-Que-Le-Mage-Noir-N’arrive-Pas-A-Buter ! » glapit Dean, soudain beaucoup moins confiant. Une chaussette en pleine figure le fait taire une demi seconde plus tard.

« Prononce son nom ! Voldemoooort ! » crie Harry comme on lance un cri de guerre.

Deux secondes plus tard, Ron est assis sur le dos de Seamus et lui enfonce une chaussette dans la bouche, ou en tous cas, il essaye de son mieux, tandis que Harry a attrapé Dean et lui braille le nom du Seigneur des Ténèbres dans l’oreille.

La victoire ne fait aucun doute.

C’est un samedi matin. Une sortie à Pré Au Lard est prévue de longue date. A petit déjeuner, Hermione annonce d’un ton autoritaire qu’elle préfère rester à la bibliothèque pour étudier, et Ron et Harry échangent une grimace de dégoût.

« Mais tout de même », ajoute Hermione alors qu’ils sont sur le point de partir, « vous pourriez me ramener des chocogrenouilles… » Elle dit ça en regardant Ron en particulier.

« Hermione », souffle Ron à l’oreille de Harry. « La fille dont les deux passions sont lire et manger du chocolat. »

« Quelle tristesse, n’est ce pas ? » répond Harry. « Quand on pense que sa passion aurait pu être de draguer les grands maigres aux cheveux roux… »

Il éclate de rire et s’enfuie sous les coups de Ron, dont le teint a pris la même jolie couleur que ses cheveux.

C’est en passant dans le Hall qu’il se rend compte que la clique de Malfoy est de sortie aussi. Ils serrent les rangs, comme pour se protéger mutuellement, et arborent des visages grimaçants.

Malfoy est au milieu d’eux, sa blondeur immaculée et son maintien aristocratique le détachant immédiatement du groupe. Il est habillé avec élégance et simplicité – comme à son habitude -, et le noir lui va si bien…

Harry se mord la lèvre. Jalousie. Envie.

Alors que Harry et Ron passent non loin d’eux, Harry comprend soudain la raison de cette organisation quasi-militaire : Malfoy est en train de conseiller Crabbe. Il a posé sa main sur l’épaule de buffle de Vincent, qui ne semble pas en mener large… mais tient la main de Théodore Nott…

Harry déglutit. Ils ne vont quand même pas sortir ensemble devant tout le monde ? Si ?

« Et par pitié, levez la tête » est en train de dire Draco Malfoy au couple gêné qui regarde ses chaussures avec intérêt ». Soit vous vous séparez, soit vous assumez. Mais pas de demi mesure chez un Serpentard ».

Vincent acquiesce en silence, mais Théo, un garçon fluet dont le front est couvert de boucles d’un blond cendré, intervient d’une petite voix :

« On assume, Draco, bien sûr qu’on assume. Mais c’est vachement dur quand même… »

« Je ne veux pas savoir ce qui est dur dans votre vie intime, les gars », susurre Malfoy d’un petit air vicieux. Tous les Serpentard éclatent de rire, et le couple rougit jusqu’aux oreilles.

Harry est stupéfait de l’aplomb des Serpentard. Il combat rapidement la propre rougeur qui lui est monté aux joues, et observe Grégory Goyle, qui donne de grandes tapes (qui enverraient n’importe qui d’autre s’encastrer dans un mur) dans le dos de son ami Vincent Crabbe. Il dévisage les têtes hilares des étudiants, et le regard satisfait de Draco Malfoy. Ils ont accepté un couple pareil chez eux. Est-ce que les autres Maisons feraient preuve d’autant de tolérance ? Aussi étrange que cela puisse paraître, Harry n’en est pas sûr. Comme pour enfoncer le clou de ses sombres pensées, Ron murmure :

« Allons nous en, Harry, je vais vomir… » Ron le pousse vers la sortie, une main sur l’épaule, mais Harry se demande soudain si Ronald Weasley serait capable de refaire ce geste si naturel s’il savait à quoi, et à qui rêve son ami.

Le problème, c’est que tout tourne autour de Malfoy. C’est lui le problème. Il accepte queCrabbe couche avec Théodore Nott, il se moque « gentiment » (ce qui est gentil pour un Malfoy peut être odieux pour d’autres… Il y a là quelque chose que Harry a compris) du couple mal assorti, mais ne laisserait visiblement personne se permettre la moindre critique.

En revanche, il fait payer très cher à Harry le baiser de l’autre nuit. Il ne lui a jamais fait de cadeau - et c’était réciproque - mais depuis quelques semaines, sa haine a atteint des dimensions surprenantes.

Moi aussi je pourrais te blesser, Malfoy, pense Harry, alors que Ron fait la conversation tout seul depuis un petit bout de temps.

Je suis sûr que je peux trouver tes points faibles comme tu as trouvé les miens, ou ceux de Ron ou d’Hermione. D’ailleurs je les connais tes points faibles : tu es vaniteux et imbus de ta personne. Tu fais passer ta dignité et ton honneur avant tout le reste. Avant même l’honnêteté ou les scrupules. Tu détestes être tourné en ridicule… un peu comme Rogue, tiens…

Perdu dans ses pensées, ne répondant à Ron que par des hochements de tête, Harry a ralenti la marche sur le chemin vers Pré Au Lard. Le groupe de Serpentard les a dépassé, et marche maintenant devant eux, à peu de distance. VincentCrabbe et Théodore Nott sont un peu à l’écart, et ils se tiennent… par la taille…

Harry est soufflé. Il observe le couple mal assorti, la grosse brute épaisse avec le petit maigre délicat, Laurel et Hardy version sorcier, et son esprit curieux et pragmatique se demande comment ils peuvent… faire, euh… des choses…

C’est pas comme moi et Malfoy… Je suis sûr qu’on irait bien ensemble, après tout, il est à peine plus grand que moi, et ne doit pas peser plus lourd…

Harry jette un coup d’œil à Malfoy, en pleine discussion avec lui-même, GrégoryGoyle marchant à ses côtés en hochant bêtement la tête. La disproportion entre les deux silhouettes est à peu près la même qu’entre le couple serpentard, sauf qu’à la différence de Nott, Malfoy est incroyablement attirant, élancé et musclé… Harry se rappelle très bien de son torse nu, la nuit du b… de la noyade. Il se souvient aussi du pantalon trempé qui moulait son corps, laissant apparaître des attributs qui n’ont pas laissé Harry indifférent…

Une érection… Aïe… Ce n’est ni le lieu, ni le moment.

Pense à autre chose ! A quelque chose de dégoûtant… à… àGoyle et Malfoy ensemble dans un lit ! Beuuurk ! Quelle horreur…

Quelque chose fait Tilt dans la petite cervelle de Harry Potter, une idée particulièrement perverse.

Non, c’est pas moi qui pense ça, quand même ?

Tourner Malfoy en ridicule… Se venger, car oui ce serait une vengeance ! Jamais il n’aurait cru qu’il pouvait avoir pareille idée…

Mais après tout, le choipeau magique a failli m’envoyer à Serpentard. Je dois avoir des dispositions pour le sadisme et la fourberie alors…

D’ailleurs pour envisager de faire une telle chose… Le problème, c’est que Ron, qui est à ses côtés, est tout, sauf une commère. Harry tourne légèrement la tête. Derrière eux, Dean et Seamus discutent avec animation.

Voilà qui est mieux. Les oreilles de ces deux là traînent toujours un peu.

Harry ralentit encore un peu, et se décide enfin à écouter Ron, qui est passé du Quidditch à son dégoût pour les Serpentard. Deux de ses sujets de discussion préférés.

« Tu sais, j’ai entendu quelque chose dont je n’ai parlé à personne », l’interrompt Harry.

Ron Weasley le regarde avec inquiétude.

« Pas un Basilic, j’espère… ? » Il fait référence au serpent géant que Harry a tué lors de sa deuxième année. Parlant Fourchelangue, il était le seul à l’entendre.

Harry secoue la tête, faisant voler ses courtes mèches folles autour de son visage.

« Non, mais pas loin, c’était des Serpentard qui parlaient, dans la bibliothèque… » Il invente au fur et à mesure, et ses rend compte de la facilité avec laquelle ses mensonges se déroulent, comme un fil dont il aurait trouvé l’extrémité et qui se révélerait interminable.

« Dans le rayon de magie noire ? » demande Ron à voix basse.

Brave Ron ! Il n’envisage que le pire. En tous cas, Dean et Seamus ont arrêté leur bavardage. Ils doivent écouter…

Harry, tu es un pro de la manipulation ! Bravo !

« Non, ils parlaient à voix basse. Ils ne m’ont pas vu et j’ai entendu… hum… Ron, tu ne vas pas me croire… »

Une pause mélodramatique. Harry s’amuse beaucoup, mais il se force à prendre un air dégoûté. Un fugace instant, il comprend enfin le plaisir que ressent Malfoy à fomenter de sales coups…

« Ils parlaient d’un couple de sixième année de Serpentard. »

Le regard de Ron se tourne versCrabbe et Nott, qui marchent tranquillement devant eux, inattentifs à ce qui les entourent. Dans un geste de tendresse inattendu, Théodore appuie sa tête contre l’épaule de son amant, qui le domine largement de plus de deux têtes. Et Ron fait le geste de vomir, tandis que Harry sent son cœur se serrer.

« Oui, je sais, moi aussi, au début, j’ai cru qu’ils parlaient de ces deux là. Mais en fait ils parlaient de… de… »

« De qui ! » Ron est atterré. Harry peut presque entendre Seamus et Dean demander « de qui ? » dans leurs petites têtes.

« GregoryGoyle »

« Beuuurk ! Qui peut toucher cette erreur de la nature ! »

Aller, Harry, lance toi, tu l’as bien méritée cette vengeance. Il n’a qu’à pas te faire souffrir, cet imbécile.

« … Draco Malfoy… »

Avant la fin de l’après midi, la rumeur du couple improbable Malfoy /Goyle a fait le tour de tous les élèves présents à Pré Au Lard, sauf chez les Serpentard. Quelques spécialistes du ragot, Seamus entre autres, mais aussi une ou deux filles de Poufsouffle, avaient même écourté leur délicieuse journée de sortie, et s’étaient privés de quelques Bières Au Beurre, pour pouvoir rentrer à Poudlard et informer tout le monde.

Goylesort avec Malfoy ; Goyle fait des papouilles à Malfoy ; on a vuGoyle et Malfoy main dans la main à Pré Au Lard…

La plupart des jeunes filles gémissent de déception et de frustration. Draco Malfoy ? Le beau Draco ? Son visage d’ange, son corps d’athlète, ses cheveux fins et doux comme de la soie, son parfum enivrant ?

Dans la bibliothèque, une jeune fille de septième année de Serdaigle vient faire la confidence à Hermione, qui travaille d’arrache pied à son devoir de Potions.

Hermione la regarde d’un air interdit, puis éclate d’un fou rire qu’elle ne peut arrêter. Tout le monde la regarde, et la plupart rient aussi sous cape, car la rumeur est déjà bien avancée. Madame Pince, la bibliothécaire, dévisage Hermione, qu’elle connaît si bien, sans vraiment la reconnaître. La jeune fille est si sage et si respectueuse, d’habitude…

« Miss Granger », finit-elle par lâcher d’un air contrit. « C’est une bibliothèque, ici. Le calme… »

Se tenant les côtes, la jeune fille de Serdaigle contaminée par le fou rire la soutenant, Hermione sort pour se calmer. Des larmes hystériques brouillent sa vue.

« Malfoy et Goyle… » répète t-elle. « Malfoy et Goyle. Oooh, c’est trop drôôôôle ! »


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Et vous, pensez vous que Harry a eu raison de lancer cette petite rumeur ? Hmmm ? Réponse la semaine prochaine…
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