errorYou must be logged in to review this story.
Noël au Manoir, anniversaire au plumard...
folder
Harry Potter › Slash - Male/Male › Harry/Draco
Rating:
Adult +
Chapters:
6
Views:
1,033
Reviews:
6
Recommended:
0
Currently Reading:
0
Category:
Harry Potter › Slash - Male/Male › Harry/Draco
Rating:
Adult +
Chapters:
6
Views:
1,033
Reviews:
6
Recommended:
0
Currently Reading:
0
Disclaimer:
I do not own Harry Potter, nor any of the characters from the books or movies. I do not make any money from the writing of this story.
Rêve ou cauchemar ?
Chapitre 02 : Rêve ou cauchemar ?
C’est un cauchemar.
Non, pas un cauchemar
Si voyons, ça doit être un cauchemar, sinon il ne se serait pas réveillé en sursaut, couvert de sueur et le cœur battant à tout rompre.
Harry se redresse, s’assied dans son lit, au milieu des draps brûlants et humides de transpiration. Sa gorge est sèche et il repousse avec humeur les draps qui lui collent au corps.
Alors, cauchemar ou pas cauchemar ?
Posant sa main à côté de lui, il se rend compte que l’autre côté du lit est frais. Il se retourne et se laisse tomber avec satisfaction, son ventre moite collé au matelas.
Bon, définitivement ce n’était pas un cauchemar, décide Harry après un instant de réflexion. Et pour cause, Harry Potter s’y connaît en cauchemar. Des années d’expérience !
J’ai au moins le niveau du Doctorat en Sciences du Cauchemar... Hautement qualifié !
Quand il était enfant, c’est autour de l’accident de voiture de ses parents que tournaient ses angoisses nocturnes, et de sa cicatrice. Il se demandait s’il était passé au travers du pare brise pour avoir cette marque sur le front. Il imaginait ses parents prisonniers d’une carcasse métallique retournée sur le flanc, du sang s’échappant de leurs blessures, la chair pâle striée de coulées rouges. Bon, il voyait aussi une lumière verte aveuglante et entendait un rire sinistre... Vraiment, il aurait sans doute passé de meilleures nuits, si on ne lui avait pas systématiquement menti dans son enfance.
Depuis qu’il est à Poudlard, c’est surtout Voldemort qui hante son sommeil, les confrontations, les batailles, les morts, Cédric, Sirius... Et les visions que l’occlumancie ne peut pas totalement arrêter.
Mais cette nuit, non, c’est autre chose. Et puis il y a un truc qui ne colle pas. Il s’est réveillé avec une... hum, une érection...
Voilà qui démolit l’hypothèse du cauchemar.
A moins que je ne me mette à fantasmer sur Voldemort, il ne manquerait plus que ça...
Harry réprime un frisson de dégoût. Beurk, il a des idées bizarres parfois, complètement dérangées... Et profondément dégoûtantes !
Son réveil est donc du à autre chose, mais son esprit fait un sacré blocage ! Impossible de se souvenir de quoi que ce soit... Bon, il est adolescent, il est normal que ses hormones le travaillent. Après tout, il n’est pas le seul dans ce cas là à avoir des rêves érotiques... Il sait que Ron, et puis Seamus aussi, ont ce genre de réveil parfois... difficiles à assumer... Oui, la vie en communauté a des désagréments quelquefois !
Harry glisse ses mains fines sous son oreiller, pour rechercher encore un peu plus de fraîcheur. Il frotte son visage contre le tissu frais, pour décoller les boucles brunes qui lui collent le front et les tempes.
Quelle heure peut il être ? Dans le dortoir des Gryffondor, tout est silencieux et calme. Son ami Ron Weasley ronfle paisiblement, et Dean, Seamus et Neville dorment à poings fermés.
Harry a l’habitude de se réveiller en pleine nuit, et d’écouter dormir ses condisciples. C’est pour cela aussi qu’il a déjà surpris les... débordements nocturnes de certains d’entre eux. Ses insomnies sont aussi habituelles que la pluie sur Londres : une sorte d’évidence systématique : Harry Potter égale cauchemars et nuits agitées... Harry Potter égale problèmes permanents... Harry Potter égale points en moins pour Gryffondor, sa maison.
Hum, c’est peut être ça qui l’a réveillé, l’énervement. Harry n’a pas encore digéré les 30 points en moins du cours de potions. Pourtant en six ans, il aurait du s’habituer à l’injuste parti pris dont fait preuve le professeur Rogue au profit de sa maison, Serpentard ! Rien qu’en potions, lui et Neville ont perdu assez de points pour remplir une piscine olympique !
« Magistral ! » lui avait lancé Rogue, sarcastique, en venant inspecter son chaudron, un peu plus tôt dans l’après midi. La mauvaise fois dégoulinait par chaque pore de sa peau blafarde, et une joie malsaine luisait dans ses yeux insondables. « Vous vous êtes surpassé cette fois, Potter. Même Londubat aura une meilleure note que vous, aujourd’hui, ce qui est un exploit remarquable ! »
Harry ravala sa rancoeur lorsque Rogue s’éloigna vers le fond de la classe, où Neville Londubat essayait en vain de se transformer en homme invisible par le pouvoir de la pensée...
C’est à ce moment là qu’au premier rang, Malfoy la fouine, dont les yeux brillaient de malice, avait laissé tomber l’une des billes de plomb dont ils se servent comme poids pour mesurer les ingrédients sur leurs balances. Comme tout ce qu’utilisait Malfoy, la balance et ses poids étaient gravés aux armoiries de sa famille. Harry ne ramassa pas la bille qui avait roulé à ses pieds : il ne voulait pas se salir les mains... Et puis Malfoy aurait pu l’accuser de vol...
La bille métallique avait rebondit sur le pied de Harry et s’était immobilisée, et Malfoy s’était levé pour venir ramasser son bien. Rogue avait jeté un coup d’œil à son élève préféré, puis s’en était désintéressé, pour aller humilier Neville.
En se relevant, sa bille de plomb roulant entre ses doigts, Draco Malfoy s’était penché vers Harry qui le regardait d’un œil méfiant.
« Si un jour on doit préparer une potion nécessitant des larmes de sorcier, Potter, je viendrai faire équipe avec toi », lui souffla le jeune Serpentard, un imperceptible sourire de mépris plaqué sur ses lèvres délicates.
Ce n’était pas la remarque la plus cinglante qu’il ait jamais faite. Malfoy, dans ses bons jours (si l’on peut dire), avait une langue de vipère et un esprit acéré : ses piques pouvaient être incroyablement douloureuses, essentiellement parce qu’il visait juste... Là où ça fait mal... Il avait un don pour déceler les failles chez ses interlocuteurs, et suffisamment de bassesse pour oser s’en servir !
Et il avait surpris, dans les yeux de Harry, cet éclat d’humidité qui précède les larmes. Avant la fin du jour, le Survivant serait la risée de tous les Serpentard...
Bon, finalement, cette journée a été comme tout les autres, réfléchit Harry, qui ressort la tête de son oreiller. Ce crétin de Malfoy, si seulement je pouvais être indifférent à ses paroles... Je devrais suivre les conseils d’Hermione, bien sûr...
« Toi et Ron, vous réagissez au quart de tour dès qu’il vous parle ! Vous lui faites trop d’honneur, vraiment ! Snobez le, ça, ça lui fera vraiment du mal, et vous, vous arrêterez d’être énervés par ses remarques stupides ».
« Ca te va bien de dire ça, répliquait Ron, il ne s’attaque pas à ta famille ».
« Quand il m’appelle Sang De Bourbe, je ne lui fais même pas l’aumône d’un regard. Et c’est lui qui repart furieux », ajoutait Hermione avec un sourire satisfait.
Bon, OK, Hermione a raison sur toute la ligne. Je suis trop impulsif, et Malfoy l’a bien compris. Il me pousse à bout à chaque fois.
Mais qu’il ait remarqué ses larmes avant même qu’elles ne coulent ! Qu’il soit venu s’en réjouir devant lui !!
Est-ce qu’il n’a rien d’autre à foutre de son temps, que de m’épier comme ça ? Y’a écrit « souffre douleur des Serpentard » sur mon front ?? Malfoy, sale fouine putride, si je pouvais te cogner...
La colère bouillonne en lui, mais pourtant son érection est toujours là, insatisfaite et lancinante. Le visage agaçant de Malfoy, avec son petit rictus arrogant, ne quitte pas ses pensées. Sans réfléchir, Harry laisse l’une de ses mains glisser vers son entrejambe, et il se donne du plaisir en silence, ravalant les soupirs de satisfaction qui montent dans sa gorge.
Malfoy, tu m’agaces vraiment trop...
Quelques minutes plus tard, il se lève et écarte les rideaux opaques qui ferment son lit. Les hautes fenêtres du dortoir de Gryffondor nimbent la vaste pièce d’une douce clarté, diffuse et apaisante. Un quartier de lune immaculé inonde le parc de Poudlard et la forêt interdite, les drapant d’une lumière irréelle.
Le genre de nuit parfaite, douce pour le repos de l’âme, avec juste une brise un peu trop fraîche qui vous fait frissonner et vous fait sentir vivant...
Harry se dirige vers l’une des fenêtres et empoigne la cruche d’eau posée sur un plateau, sur le rebord de pierre. Il se verse un verre d’eau et, tout en buvant, jette un coup d’œil au parc silencieux qui s’étend devant l’école.
Il manque de recracher !! Quelque chose bouge dans le parc, une tâche sombre qui glisse entre les ombres, avec un mouvement qui n’a rien d’humain. Harry plisse ses beaux yeux verts : l’ombre étrange serpente dans le parc avec une démarche étrange, un peu chaloupée. Harry jure entre ses dents ! Pas étonnant qu’il n’y voit rien, que tout lui semble flou. Ses lunettes sont restées sur sa table de nuit.
Reposant le verre, il se précipite vers son lit. Il faut vraiment qu’il en ait le cœur net : cette ombre noire qui traverse le parc lui rappelle tant de choses qu’il préfèrerait oublier : le souvenir de Sirius, traversant le parc sous sa forme animagus, le gros chien noir collant sa truffe au sol... Mais Sirius ne pourra plus jamais retraverser Poudlard, n’est-ce pas ?
Un bruit sourd, suivi d’une mélopée d’injures lancées à voix basse ! Harry vient de trébucher contre un coin de sa malle, et s’est étalé de tout son long. Qui a dit que la vie est simple pour les myopes ? Une douleur fulgurante monte de ses orteils endoloris, tandis que ses genoux et les paumes de ses mains l’élancent. Sa rencontre avec le sol est douloureuse, et en plus un boucan pareil a du réveiller tout le monde !
Harry se redresse. Rien ne bouge dans la pièce. Claudiquant et jurant, il va prendre ses lunettes, il les pose sur son nez, puis retourne vers la fenêtre.
Plus rien.
Evidemment.
Avec le temps qu’il a pris pour revenir, l’ombre a eu le temps de disparaître. Et puis de la tour de Gryffondor, on ne distingue qu’une partie du parc, et au loin, l’orée de la forêt interdite.
L’adolescent frissonne. Est-ce parce que l’air est plus frais dans la pièce que dans le lit aux rideaux tirés ? Est-ce la proximité d’un danger ? Une nouvelle menace pour lui, pour l’école, pour... tout le monde ? Le cerveau de Harry fonctionne à plein régime. Pour un peu, de la fumée lui sortirait des oreilles.
Que faire ? Réveiller Ron, et lui bousiller une bonne nuit de sommeil dont il a pourtant bien besoin en ce moment (les entraînements de Quidditch le laissent exténué. Il se donne vraiment à fond) ? Mettre sa cape d’invisibilité et courir à la recherche de... de quoi d’ailleurs ? Aller trouver Dumbledore en pleine nuit (au risque de le trouver avec un bonnet de nuit à pompon sur sa vieille tête grise) ?
Harry se frappe le front du plat de la main. Il y a mieux à faire, bien sûr !
Il retourne vers son lit, en silence cette fois, et déniche au fond de sa malle la carte des Maraudeurs. Retournant dans son lit, il en referme hermétiquement les épais rideaux et s’assied en tailleur, sa baguette à la main.
« Lumos », prononce t-il à voix basse. Une douce lueur surgit de sa baguette, et il peut déplier la carte devant lui. « Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises », ajoute t-il en murmurant, faisant apparaître un réseau de lignes sombres sur le parchemin immaculé.
Ses yeux verts cherchent avec avidité, dans tout le domaine de Poudlard, une silhouette en mouvement qui pourrait représenter un d...
Malfoy.
Ses yeux se sont arrêtés sur ces deux syllabes qui se détachent sur la carte.
Malfoy.
Et un prénom à côté.
Draco.
Bon, il est dit que cette nuit doit être gâchée par l’insupportable Serpentard, pense le Gryffondor en étouffant un soupir. Pourtant, tout à ses pensées, le garçon ne s’est pas rendu compte que son cœur se mettait à battre plus vite, et d’une manière désordonnée.
Malfoy.
Il n’y a pas de doute. Draco Malfoy traverse le parc de Poudlard. Il n’y a que lui dans le parc d’ailleurs. Pourquoi va-t-il traîner dehors, ce traître ? Qu’est ce qu’il mijote ? Quel plan machiavélique a pris naissance dans sa petite tête blonde ?
Harry regarde la silhouette Malfoy avancer sur le parchemin. C’est vraiment un système d’espionnage fantastique, cette carte. Une bouffée de fierté l’envahit. Après tout, son père et son parrain sont deux des créateurs de la carte. Avec des antécédents pareils, il n’est pas étonnant que Harry n’ait jamais tenu en place.
Soudain, il étouffe un cri de surprise. Draco Malfoy vient de rentrer dans le lac de Poudlard ! Un point minuscule qui avance dans l’immensité du lac.
Bon.
Harry panique. Ses idées se mélangent, son pouls s’accélère, sa tension monte dangereusement.
Malfoy se suicide. Harry en est persuadé. En même temps, note une petite voix cynique à l’intérieur de sa tête, quand on a un Mangemort comme père, le suicide peut tout à fait être envisagé comme une solution acceptable, peut être même honorable...
Mais c’est pas une raison, non d’un chien !! hurle Potter intérieurement. Et puis qu’est ce qu’il a besoin de se suicider sous mes fenêtres ?!
Eh bien techniquement, il n’est pas sous tes fenêtres, et puis en plus c’est entièrement de ta faute si tu utilises la carte pour espionner ...
Cette petite voix cynique ferait bien de se la fermer avant que je ne m’énerve pour de bon, rage l’adolescent, qui trépigne sur son lit. Dans ses mains, la carte tremble tandis qu’il regarde le nom de Draco s’éloigner des rivages du lac dessinés sur le morceau de parchemin.
Malfoy dans le lac glacé.
Malfoy qui s’enfonce dans l’eau sombre, ses cheveux blonds et fins flottants pour l’éternité dans les ténèbres...
Son esprit vagabonde une ou deux secondes, tandis qu’une image vient s’imposer à son esprit : celle d’un tableau, aperçu dans une exposition faite avec son école, bien avant Poudlard et le monde de la magie. Il devait avoir huit ou neuf ans, et son cousin Dudley, qui s’ennuyait ferme dans le musée, avait décidé de « jouer » avec Harry pour passer le temps. Dès que le petit garçon frêle avait perçu l’intention de son gros et gras cousin, il avait pris la tangente pour échapper aux coups, et avait parcouru plusieurs salles vides avant de se perdre dans la contemplation d’un tableau extraordinaire. C’était une jeune femme, au visage empreint de tristesse et de résignation. Elle flottait dans l’eau noire d’un étang, au milieu de fleurs et d’une végétation dense, ses bras écartés et la bouche entrouverte. Dans la mort, elle était absolument magnifique. L’institutrice qui l’avait retrouvé lui avait expliqué que c’était Ophélie, l’héroïne Schaekspearienne. La peinture avait marqué son esprit au fer rouge.
Et à cet instant, il lui semble que c’est à cela que ressemblera Malfoy junior si on retrouve son corps noyé demain. Et cette idée le rend malade. Il ne peut pas laisser le Serpentard sombrer dans les ténèbres, c’est au dessus de ses forces... Il ne peut laisser personne sombrer...!
Pourtant tu n’aurais plus à supporter ses sarcasmes, et son air méprisant...
Je préfère supporter Malfoy que de le savoir mort, décide soudain Harry. Il se précipite hors du dortoir, pied nu et vêtu seulement d’un tee-shirt et de son bas de pyjama, sa baguette projetant devant lui une lumière vacillante.
Depuis le départ des jumeaux Weasley l’an dernier, il est sans doute l’un de ceux qui connaissent le mieux les multiples passages secrets de Poudlard. En quelques minutes, il se retrouve, par des raccourcis audacieux, dans le parc endormi de l’école. Sous ses pieds qui touchent à peine le sol, l’herbe est humide de rosée, et dans sa course, Harry manque plus d’une fois de glisser.
Lorsqu’il arrive, hors d’haleine, au bord du lac dont les eaux noires forment un miroir, Harry parcourt en vain du regard la surface lisse et sereine.
Rien ne bouge.
Harry jette un coup d’œil à sa carte : Draco Malfoy, au milieu du lac.
Il scrute l’eau du lac, la carte encore, puis le lac à nouveau, son esprit cherchant rationnellement la réponse à cette énigme. Est-ce qu’il a déjà coulé ? Est-ce qu’il s’est déjà noyé ?
Harry jette la carte et se précipite dans l’eau.
« Malfoooy ! » hurle t-il. Son cri est arrêté par un spasme qui surprend tout son corps. L’eau est si froide ! Il a de l’eau jusqu’en haut des cuisses, mais il a de la peine à s’enfoncer d’avantage. C’est comme si des centaines d’aiguilles lui rentraient sous la peau. Comment cette chochotte de Draco a-t-il eu le courage de pénétrer dans l’eau ?
Il doit vraiment être désespéré, songe soudain Harry, le cœur serré d’appréhension. Cette idée lui donne le courage de continuer.
« Malfoy ! » crie t-il encore. Il plonge brutalement dans l’eau, et se met à nager vigoureusement. Le froid qui s’immisce en lui est douloureux, mais Harry continue sa progression vers le centre du lac.
« Malfoy, où es-tu ?! »
--------------------------------------------------------------------------------
Pour le tableau dont je parle, connaissez vous cette magnifique peinture de John Everett Millais, « Ophélie » (1852) ? Cherchez le sur le net : j’adore cette toile !!
C’est un cauchemar.
Non, pas un cauchemar
Si voyons, ça doit être un cauchemar, sinon il ne se serait pas réveillé en sursaut, couvert de sueur et le cœur battant à tout rompre.
Harry se redresse, s’assied dans son lit, au milieu des draps brûlants et humides de transpiration. Sa gorge est sèche et il repousse avec humeur les draps qui lui collent au corps.
Alors, cauchemar ou pas cauchemar ?
Posant sa main à côté de lui, il se rend compte que l’autre côté du lit est frais. Il se retourne et se laisse tomber avec satisfaction, son ventre moite collé au matelas.
Bon, définitivement ce n’était pas un cauchemar, décide Harry après un instant de réflexion. Et pour cause, Harry Potter s’y connaît en cauchemar. Des années d’expérience !
J’ai au moins le niveau du Doctorat en Sciences du Cauchemar... Hautement qualifié !
Quand il était enfant, c’est autour de l’accident de voiture de ses parents que tournaient ses angoisses nocturnes, et de sa cicatrice. Il se demandait s’il était passé au travers du pare brise pour avoir cette marque sur le front. Il imaginait ses parents prisonniers d’une carcasse métallique retournée sur le flanc, du sang s’échappant de leurs blessures, la chair pâle striée de coulées rouges. Bon, il voyait aussi une lumière verte aveuglante et entendait un rire sinistre... Vraiment, il aurait sans doute passé de meilleures nuits, si on ne lui avait pas systématiquement menti dans son enfance.
Depuis qu’il est à Poudlard, c’est surtout Voldemort qui hante son sommeil, les confrontations, les batailles, les morts, Cédric, Sirius... Et les visions que l’occlumancie ne peut pas totalement arrêter.
Mais cette nuit, non, c’est autre chose. Et puis il y a un truc qui ne colle pas. Il s’est réveillé avec une... hum, une érection...
Voilà qui démolit l’hypothèse du cauchemar.
A moins que je ne me mette à fantasmer sur Voldemort, il ne manquerait plus que ça...
Harry réprime un frisson de dégoût. Beurk, il a des idées bizarres parfois, complètement dérangées... Et profondément dégoûtantes !
Son réveil est donc du à autre chose, mais son esprit fait un sacré blocage ! Impossible de se souvenir de quoi que ce soit... Bon, il est adolescent, il est normal que ses hormones le travaillent. Après tout, il n’est pas le seul dans ce cas là à avoir des rêves érotiques... Il sait que Ron, et puis Seamus aussi, ont ce genre de réveil parfois... difficiles à assumer... Oui, la vie en communauté a des désagréments quelquefois !
Harry glisse ses mains fines sous son oreiller, pour rechercher encore un peu plus de fraîcheur. Il frotte son visage contre le tissu frais, pour décoller les boucles brunes qui lui collent le front et les tempes.
Quelle heure peut il être ? Dans le dortoir des Gryffondor, tout est silencieux et calme. Son ami Ron Weasley ronfle paisiblement, et Dean, Seamus et Neville dorment à poings fermés.
Harry a l’habitude de se réveiller en pleine nuit, et d’écouter dormir ses condisciples. C’est pour cela aussi qu’il a déjà surpris les... débordements nocturnes de certains d’entre eux. Ses insomnies sont aussi habituelles que la pluie sur Londres : une sorte d’évidence systématique : Harry Potter égale cauchemars et nuits agitées... Harry Potter égale problèmes permanents... Harry Potter égale points en moins pour Gryffondor, sa maison.
Hum, c’est peut être ça qui l’a réveillé, l’énervement. Harry n’a pas encore digéré les 30 points en moins du cours de potions. Pourtant en six ans, il aurait du s’habituer à l’injuste parti pris dont fait preuve le professeur Rogue au profit de sa maison, Serpentard ! Rien qu’en potions, lui et Neville ont perdu assez de points pour remplir une piscine olympique !
« Magistral ! » lui avait lancé Rogue, sarcastique, en venant inspecter son chaudron, un peu plus tôt dans l’après midi. La mauvaise fois dégoulinait par chaque pore de sa peau blafarde, et une joie malsaine luisait dans ses yeux insondables. « Vous vous êtes surpassé cette fois, Potter. Même Londubat aura une meilleure note que vous, aujourd’hui, ce qui est un exploit remarquable ! »
Harry ravala sa rancoeur lorsque Rogue s’éloigna vers le fond de la classe, où Neville Londubat essayait en vain de se transformer en homme invisible par le pouvoir de la pensée...
C’est à ce moment là qu’au premier rang, Malfoy la fouine, dont les yeux brillaient de malice, avait laissé tomber l’une des billes de plomb dont ils se servent comme poids pour mesurer les ingrédients sur leurs balances. Comme tout ce qu’utilisait Malfoy, la balance et ses poids étaient gravés aux armoiries de sa famille. Harry ne ramassa pas la bille qui avait roulé à ses pieds : il ne voulait pas se salir les mains... Et puis Malfoy aurait pu l’accuser de vol...
La bille métallique avait rebondit sur le pied de Harry et s’était immobilisée, et Malfoy s’était levé pour venir ramasser son bien. Rogue avait jeté un coup d’œil à son élève préféré, puis s’en était désintéressé, pour aller humilier Neville.
En se relevant, sa bille de plomb roulant entre ses doigts, Draco Malfoy s’était penché vers Harry qui le regardait d’un œil méfiant.
« Si un jour on doit préparer une potion nécessitant des larmes de sorcier, Potter, je viendrai faire équipe avec toi », lui souffla le jeune Serpentard, un imperceptible sourire de mépris plaqué sur ses lèvres délicates.
Ce n’était pas la remarque la plus cinglante qu’il ait jamais faite. Malfoy, dans ses bons jours (si l’on peut dire), avait une langue de vipère et un esprit acéré : ses piques pouvaient être incroyablement douloureuses, essentiellement parce qu’il visait juste... Là où ça fait mal... Il avait un don pour déceler les failles chez ses interlocuteurs, et suffisamment de bassesse pour oser s’en servir !
Et il avait surpris, dans les yeux de Harry, cet éclat d’humidité qui précède les larmes. Avant la fin du jour, le Survivant serait la risée de tous les Serpentard...
Bon, finalement, cette journée a été comme tout les autres, réfléchit Harry, qui ressort la tête de son oreiller. Ce crétin de Malfoy, si seulement je pouvais être indifférent à ses paroles... Je devrais suivre les conseils d’Hermione, bien sûr...
« Toi et Ron, vous réagissez au quart de tour dès qu’il vous parle ! Vous lui faites trop d’honneur, vraiment ! Snobez le, ça, ça lui fera vraiment du mal, et vous, vous arrêterez d’être énervés par ses remarques stupides ».
« Ca te va bien de dire ça, répliquait Ron, il ne s’attaque pas à ta famille ».
« Quand il m’appelle Sang De Bourbe, je ne lui fais même pas l’aumône d’un regard. Et c’est lui qui repart furieux », ajoutait Hermione avec un sourire satisfait.
Bon, OK, Hermione a raison sur toute la ligne. Je suis trop impulsif, et Malfoy l’a bien compris. Il me pousse à bout à chaque fois.
Mais qu’il ait remarqué ses larmes avant même qu’elles ne coulent ! Qu’il soit venu s’en réjouir devant lui !!
Est-ce qu’il n’a rien d’autre à foutre de son temps, que de m’épier comme ça ? Y’a écrit « souffre douleur des Serpentard » sur mon front ?? Malfoy, sale fouine putride, si je pouvais te cogner...
La colère bouillonne en lui, mais pourtant son érection est toujours là, insatisfaite et lancinante. Le visage agaçant de Malfoy, avec son petit rictus arrogant, ne quitte pas ses pensées. Sans réfléchir, Harry laisse l’une de ses mains glisser vers son entrejambe, et il se donne du plaisir en silence, ravalant les soupirs de satisfaction qui montent dans sa gorge.
Malfoy, tu m’agaces vraiment trop...
Quelques minutes plus tard, il se lève et écarte les rideaux opaques qui ferment son lit. Les hautes fenêtres du dortoir de Gryffondor nimbent la vaste pièce d’une douce clarté, diffuse et apaisante. Un quartier de lune immaculé inonde le parc de Poudlard et la forêt interdite, les drapant d’une lumière irréelle.
Le genre de nuit parfaite, douce pour le repos de l’âme, avec juste une brise un peu trop fraîche qui vous fait frissonner et vous fait sentir vivant...
Harry se dirige vers l’une des fenêtres et empoigne la cruche d’eau posée sur un plateau, sur le rebord de pierre. Il se verse un verre d’eau et, tout en buvant, jette un coup d’œil au parc silencieux qui s’étend devant l’école.
Il manque de recracher !! Quelque chose bouge dans le parc, une tâche sombre qui glisse entre les ombres, avec un mouvement qui n’a rien d’humain. Harry plisse ses beaux yeux verts : l’ombre étrange serpente dans le parc avec une démarche étrange, un peu chaloupée. Harry jure entre ses dents ! Pas étonnant qu’il n’y voit rien, que tout lui semble flou. Ses lunettes sont restées sur sa table de nuit.
Reposant le verre, il se précipite vers son lit. Il faut vraiment qu’il en ait le cœur net : cette ombre noire qui traverse le parc lui rappelle tant de choses qu’il préfèrerait oublier : le souvenir de Sirius, traversant le parc sous sa forme animagus, le gros chien noir collant sa truffe au sol... Mais Sirius ne pourra plus jamais retraverser Poudlard, n’est-ce pas ?
Un bruit sourd, suivi d’une mélopée d’injures lancées à voix basse ! Harry vient de trébucher contre un coin de sa malle, et s’est étalé de tout son long. Qui a dit que la vie est simple pour les myopes ? Une douleur fulgurante monte de ses orteils endoloris, tandis que ses genoux et les paumes de ses mains l’élancent. Sa rencontre avec le sol est douloureuse, et en plus un boucan pareil a du réveiller tout le monde !
Harry se redresse. Rien ne bouge dans la pièce. Claudiquant et jurant, il va prendre ses lunettes, il les pose sur son nez, puis retourne vers la fenêtre.
Plus rien.
Evidemment.
Avec le temps qu’il a pris pour revenir, l’ombre a eu le temps de disparaître. Et puis de la tour de Gryffondor, on ne distingue qu’une partie du parc, et au loin, l’orée de la forêt interdite.
L’adolescent frissonne. Est-ce parce que l’air est plus frais dans la pièce que dans le lit aux rideaux tirés ? Est-ce la proximité d’un danger ? Une nouvelle menace pour lui, pour l’école, pour... tout le monde ? Le cerveau de Harry fonctionne à plein régime. Pour un peu, de la fumée lui sortirait des oreilles.
Que faire ? Réveiller Ron, et lui bousiller une bonne nuit de sommeil dont il a pourtant bien besoin en ce moment (les entraînements de Quidditch le laissent exténué. Il se donne vraiment à fond) ? Mettre sa cape d’invisibilité et courir à la recherche de... de quoi d’ailleurs ? Aller trouver Dumbledore en pleine nuit (au risque de le trouver avec un bonnet de nuit à pompon sur sa vieille tête grise) ?
Harry se frappe le front du plat de la main. Il y a mieux à faire, bien sûr !
Il retourne vers son lit, en silence cette fois, et déniche au fond de sa malle la carte des Maraudeurs. Retournant dans son lit, il en referme hermétiquement les épais rideaux et s’assied en tailleur, sa baguette à la main.
« Lumos », prononce t-il à voix basse. Une douce lueur surgit de sa baguette, et il peut déplier la carte devant lui. « Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises », ajoute t-il en murmurant, faisant apparaître un réseau de lignes sombres sur le parchemin immaculé.
Ses yeux verts cherchent avec avidité, dans tout le domaine de Poudlard, une silhouette en mouvement qui pourrait représenter un d...
Malfoy.
Ses yeux se sont arrêtés sur ces deux syllabes qui se détachent sur la carte.
Malfoy.
Et un prénom à côté.
Draco.
Bon, il est dit que cette nuit doit être gâchée par l’insupportable Serpentard, pense le Gryffondor en étouffant un soupir. Pourtant, tout à ses pensées, le garçon ne s’est pas rendu compte que son cœur se mettait à battre plus vite, et d’une manière désordonnée.
Malfoy.
Il n’y a pas de doute. Draco Malfoy traverse le parc de Poudlard. Il n’y a que lui dans le parc d’ailleurs. Pourquoi va-t-il traîner dehors, ce traître ? Qu’est ce qu’il mijote ? Quel plan machiavélique a pris naissance dans sa petite tête blonde ?
Harry regarde la silhouette Malfoy avancer sur le parchemin. C’est vraiment un système d’espionnage fantastique, cette carte. Une bouffée de fierté l’envahit. Après tout, son père et son parrain sont deux des créateurs de la carte. Avec des antécédents pareils, il n’est pas étonnant que Harry n’ait jamais tenu en place.
Soudain, il étouffe un cri de surprise. Draco Malfoy vient de rentrer dans le lac de Poudlard ! Un point minuscule qui avance dans l’immensité du lac.
Bon.
Harry panique. Ses idées se mélangent, son pouls s’accélère, sa tension monte dangereusement.
Malfoy se suicide. Harry en est persuadé. En même temps, note une petite voix cynique à l’intérieur de sa tête, quand on a un Mangemort comme père, le suicide peut tout à fait être envisagé comme une solution acceptable, peut être même honorable...
Mais c’est pas une raison, non d’un chien !! hurle Potter intérieurement. Et puis qu’est ce qu’il a besoin de se suicider sous mes fenêtres ?!
Eh bien techniquement, il n’est pas sous tes fenêtres, et puis en plus c’est entièrement de ta faute si tu utilises la carte pour espionner ...
Cette petite voix cynique ferait bien de se la fermer avant que je ne m’énerve pour de bon, rage l’adolescent, qui trépigne sur son lit. Dans ses mains, la carte tremble tandis qu’il regarde le nom de Draco s’éloigner des rivages du lac dessinés sur le morceau de parchemin.
Malfoy dans le lac glacé.
Malfoy qui s’enfonce dans l’eau sombre, ses cheveux blonds et fins flottants pour l’éternité dans les ténèbres...
Son esprit vagabonde une ou deux secondes, tandis qu’une image vient s’imposer à son esprit : celle d’un tableau, aperçu dans une exposition faite avec son école, bien avant Poudlard et le monde de la magie. Il devait avoir huit ou neuf ans, et son cousin Dudley, qui s’ennuyait ferme dans le musée, avait décidé de « jouer » avec Harry pour passer le temps. Dès que le petit garçon frêle avait perçu l’intention de son gros et gras cousin, il avait pris la tangente pour échapper aux coups, et avait parcouru plusieurs salles vides avant de se perdre dans la contemplation d’un tableau extraordinaire. C’était une jeune femme, au visage empreint de tristesse et de résignation. Elle flottait dans l’eau noire d’un étang, au milieu de fleurs et d’une végétation dense, ses bras écartés et la bouche entrouverte. Dans la mort, elle était absolument magnifique. L’institutrice qui l’avait retrouvé lui avait expliqué que c’était Ophélie, l’héroïne Schaekspearienne. La peinture avait marqué son esprit au fer rouge.
Et à cet instant, il lui semble que c’est à cela que ressemblera Malfoy junior si on retrouve son corps noyé demain. Et cette idée le rend malade. Il ne peut pas laisser le Serpentard sombrer dans les ténèbres, c’est au dessus de ses forces... Il ne peut laisser personne sombrer...!
Pourtant tu n’aurais plus à supporter ses sarcasmes, et son air méprisant...
Je préfère supporter Malfoy que de le savoir mort, décide soudain Harry. Il se précipite hors du dortoir, pied nu et vêtu seulement d’un tee-shirt et de son bas de pyjama, sa baguette projetant devant lui une lumière vacillante.
Depuis le départ des jumeaux Weasley l’an dernier, il est sans doute l’un de ceux qui connaissent le mieux les multiples passages secrets de Poudlard. En quelques minutes, il se retrouve, par des raccourcis audacieux, dans le parc endormi de l’école. Sous ses pieds qui touchent à peine le sol, l’herbe est humide de rosée, et dans sa course, Harry manque plus d’une fois de glisser.
Lorsqu’il arrive, hors d’haleine, au bord du lac dont les eaux noires forment un miroir, Harry parcourt en vain du regard la surface lisse et sereine.
Rien ne bouge.
Harry jette un coup d’œil à sa carte : Draco Malfoy, au milieu du lac.
Il scrute l’eau du lac, la carte encore, puis le lac à nouveau, son esprit cherchant rationnellement la réponse à cette énigme. Est-ce qu’il a déjà coulé ? Est-ce qu’il s’est déjà noyé ?
Harry jette la carte et se précipite dans l’eau.
« Malfoooy ! » hurle t-il. Son cri est arrêté par un spasme qui surprend tout son corps. L’eau est si froide ! Il a de l’eau jusqu’en haut des cuisses, mais il a de la peine à s’enfoncer d’avantage. C’est comme si des centaines d’aiguilles lui rentraient sous la peau. Comment cette chochotte de Draco a-t-il eu le courage de pénétrer dans l’eau ?
Il doit vraiment être désespéré, songe soudain Harry, le cœur serré d’appréhension. Cette idée lui donne le courage de continuer.
« Malfoy ! » crie t-il encore. Il plonge brutalement dans l’eau, et se met à nager vigoureusement. Le froid qui s’immisce en lui est douloureux, mais Harry continue sa progression vers le centre du lac.
« Malfoy, où es-tu ?! »
--------------------------------------------------------------------------------
Pour le tableau dont je parle, connaissez vous cette magnifique peinture de John Everett Millais, « Ophélie » (1852) ? Cherchez le sur le net : j’adore cette toile !!